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Souvenirs henri
13 juillet 2012

La guerre de 1939 1945

 

Mon père et ma mère sont nés à Carmaux, dans le Tarn.

                                   Mon frère, ma sœur et moi-même, sommes nés à Toulouse.

Mon frère aîné Christian est né le 27 juillet 1938, ma sœur Louisette le 8 juillet 1950.  

 

 

    pépé-christian                    1998182

          Pépé Sancéré et Christian                                                 Mémé Jaladieu et Louisette

 

Je suis né le 19 mai 1943, au milieu de la guerre, à la clinique des teinturiers dans le quartier Saint Cyprien.

Cinq ans me séparent de mon frère aîné et 7 ans de ma petite sœur, ce qui fait que nous avons tous les trois étaient élevés comme des enfants uniques.

                                                          1998175

                                                                   Henri et Christian

 Mes deux cousins Jeannot et Robert Almon ont aussi été élevés par mes parents suite au divorce de notre tante Simone, la sœur de mon père. Ils ont respectivement 14 et 15 ans de plus que moi. Ils sont restés à la maison de leur première communion jusqu’à leur mariage.

                                           1998185

                                      Jeannot ,Papa, Louisette, Robert, Christian et Henri (devant)

 

 

                                                                  1998173

En 1939, au début de la guerre, mes parents possédaient une boulangerie à Toulouse au 80,boulevard Deltour .

Mon cousin Robert y travaillait comme apprenti et mon autre cousin Jeannot avait été envoyé discrètement au maquis de la forêt de la Grésigne dans le Tarn pour échapper au travail obligatoire en Allemagne.

Nous avons quitté définitivement la boulangerie l’année de mes sept ans, j’ai très peu de souvenirs de cette époque. Tout ce dont je me souviens m’a été raconté bien plus tard par ma famille ou par des relations.

J’ai appris notamment que les Américains avaient bombardé les usines aéronautiques et chimiques de Toulouse un mois après ma naissance.

Mes parents venaient juste d’acheter la boulangerie et s’étaient endettés en hypothéquant la maison de ma grand-mère maternelle.

  Quelques mois plus tard, mon père fut victime d’un accident de voiture qui le laissa handicapé à vie du bras gauche. Comme il ne pouvait enfourner le pain lui-même, il fut obligé d’embaucher des ouvriers pour l’aider.

Ce qui aurait pu être une catastrophe a finalement été une chance, car, handicapé au début de la guerre, mon père n’a pas été mobilisé. Il a pu ainsi développer son commerce pendant toute la durée de la guerre. Ce qui fait qu’en 1950, mes parents possédaient une des plus grosses boulangeries de Toulouse.

Au début de la guerre, comme il n’était pas parti au front avec ses camarades qui d’ailleurs ont tous été fait prisonniers à Dunkerque, mon père s’est senti honteux et s’est porté volontaire en tant que secouriste de la Croix Rouge, parallèlement à son travail à la boulangerie.

Comme il était jeune, il avait 25 ans en 1939 et qu’en qualité de commerçant il avait le droit de circuler en voiture, il fut rapidement enrôlé par la Résistance comme chauffeur. Ce réseau était essentiellement constitué de policiers de la rue du rempart Saint Etienne.

Grâce à ses relations policières il se procurait des tickets de rationnement supplémentaires. Il a pu ainsi augmenter les rations de pain de ses clients qui avaient du mal à s’approvisionner pendant les années difficiles.

Combien de fois, quelques années après la guerre, lorsque je me présentais en donnant mon nom on me disait : «  Ah ! Jaladieu ! vous êtes le fils du boulanger du boulevard Deltour ?…Ah !..vos parents nous ont sauvé la vie pendant la guerre en nous donnant du pain sans ticket alors que c’était interdit. »

J’ai appris plus tard par la famille, par des voisins ou des amis que mon père s’était bien comporté en tant que résistant pendant la guerre et qu’il avait pris de nombreux risques.

Mais lui ne nous en a jamais parlé.

Je sais par exemple qu’une nuit, il a conduit les chefs de la Résistance à un  rendez-vous et que, comme il n’était que chauffeur il n’était pas resté à la réunion secrète, ce qui lui a probablement sauvé la vie car les résistants ont tous été fait prisonniers..

Quelques temps après on déposait une malle à la boulangerie et mon père dut la transporter à la forêt de Bouconne. Là deux personnes l’ont emportée. Elle contenait, d’après mon cousin Robert, qui l’avait ouverte par curiosité, le cadavre d’une personne qui avait été exécutée par la Résistance. C’était paraît-il le traitre qui avait permis aux Allemands d’anéantir le maquis.de Saint Lys .

Mon père est aussi intervenu la nuit du bombardement de l’usine chimique.

Une bombe était tombée sur un dancing au bord de la garonne. Avec d’autres membres de la Croix Rouge, ils ont du ramasser dans des bassines les restes des corps des jeunes gens qui étaient allés danser cette nuit là.

Avec ma mère ils ont aussi fait partie d’un réseau qui, sous le contrôle de la Résistance faisait passer les réfugiés clandestins en Espagne.

C’étaient pour la plupart des Juifs. Ma mère m’a raconté que certains jours, une personne arrivait à la boulangerie et laissait des enfants ou des familles entières auxquelles il fallait donner à manger et ensuite trouver un logement sûr pour quelques jours.

Heureusement, il y avait a cette époque, beaucoup de fermes autour du boulevard Deltour mais il fallait faire attention car les clients qui venaient au magasin n’étaient pas tous très sûrs.

Mon frère Christian m’a raconté qu’un jour alors qu’il avait entre 5 et 6 ans, des hommes, probablement des miliciens, sont venus le prendre devant la boulangerie. Il jouait avec sa copine Estelle, une petite juive.

Alors qu’on les faisait monter dans la voiture une voisine a crié : «  Pas lui ! c’est le fils de la boulangère ! ».

On l’a relâché. Par contre il n’a jamais revu Estelle.

Un autre jour, probablement suite à une dénonciation, des policiers sont venus à la boulangerie et ont pris mon père dans une voiture pour l’emmener, je ne sais où.

Au carrefour de la rue de Metz et de la rue d’Alsace Lorraine il a profité d’un arrêt de la voiture pour s’échapper et est rentré tranquillement chez lui.

Craignant le retour des policiers, mes parents nous ont tout de suite envoyé, moi chez ma grand-mère maternelle à Saint Benoît de Carmaux et mon frère chez un oncle de ma mère à Bourgnounac dans le Tarn.

 Mes parents ont continué à travailler à la boulangerie et n’ont plus été inquiétés.

C’était une drôle d’époque mais il est vrai que cela s’est déroulé juste après le débarquement des alliés en Normandie et que probablement les policiers collaborateurs avaient d’autres soucis.

Au moment de la libération de Toulouse mon père a participé à la reprise du journal la Dépêche.

Il y eut quelques échanges de coup de feux, notamment dans les sous-sols du bâtiment de la rue Bayard.

Pendant quelques jours, il a travaillé à la Dépêche mais ma mère est venue le chercher car elle trouvait qu’il y avait un peu trop de jolies secrétaires au journal et qu’il devait se remettre au travail à la boulangerie.

Sa dernière participation dans le cadre de la résistance a consisté à emmener à la préfecture pierre Bertaux, le nouveau préfet nommé par le général de Gaule. Mon père avait ressorti pour l’occasion sa onze Citroën qu’il avait cachée depuis le début de la guerre. Le soir mon père et ma mère ont été invités au bal de la préfecture.

 

                                            traction

 

Au moment de la libération mon père est intervenu auprés de la Résistance pour faire libérer mon oncle Gustave qui a failli être fusillé.

A la fin de la guerre, il n’a pas trop apprécié les querelles entre les Gaullistes et les communistes et tous ces nouveaux résistants de la dernière heure.

On lui a proposé des postes politiques, une place à la Dépêche et bien sûr des médailles mais mon père a refusé le tout et est retourné à son travail de boulanger.

A partir de cette époque mes parents ne se sont plus occupés de politique mais ils sont toujours restés fidèles au gaullisme.

Je ne les ai vu manifester dans la rue qu’une seule fois , en mai 1968 , à l’appel du Général de Gaulle.

 

                    

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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