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Souvenirs henri
23 juillet 2012

les loisirs

A cause du commerce, mes parents prenaient rarement des vacances.

Pendant mes années d’école, ils nous envoyaient en colonie de vacances en Bretagne et dans le massif central à Saint Afrique.

J’ai très peu de souvenirs de ces vacances exeptés les marches à pied en chantant le long des routes bordées de platanes, les siestes obligatoires interminables car je n'arrivais pas à m'endormir, la pêche aux coquillages sur les plages de l'océan et les délicieuses crèpes bretonnes.

 

 

 Je me souviens qu’une nuit,   en colonie de vacances à Saint Afrique, j’ai été à la pèche aux écrevisses.

C’était probablement une colonie religieuse car mon père était venu nous voir avec le curé de Blagnac.  

La nuit venue, nous sommes partis tous les quatre, c’est à dire mon père, le curé, Christian et moi à la pèche aux écrevisses.

Pour pratiquer cette pèche qui était interdite, nous opérions de nuit à la main en nous éclairant à l'aide de torches électriques et en faisant le moins de bruit possible pour ne pas alerter les gardes champêtres .

Mon père n’a jamais était un grand pécheur mais il adorait braconner.

Je revois encore le curé de Blagnac dans l’eau du petit ruisseau avec sa soutane retroussée à mi cuisses et pieds nus en train de soulever des pierres pour capturer quelques écrevisses.

 

Entre 7 et 10 ans, j'ai passé mes vacances chez ma marraine la tante Dorothée à Villariès.

C’était la sœur de mon grand père maternel, Pépé Sancéré. Elle était originaire du Tarn mais avait fait toute sa carrière professionnelle à Paris comme commerçante dans la mode comme on disait à l’époque. Elle vendait des vêtements féminins.

Pour sa retraite elle s’était installée à Villariès un petit village près de Toulouse dans un ancien couvent qu'elle avait acheté, sur les conseils de mon père.

C’était une très grande bâtisse avec, dans le jardin, un immense cèdre que l’on voit encore aujourd'hui de très loin. D’ailleurs la maison s’appelait le grand Cèdre.

A la suite de la vente de ses commerces parisiens, la tante Dorothée avait assez d’argent et elle avait repris avec elle toute sa famille : sa sœur, la tante Anaïs avec son mari le tonton Cyprien, son frère et sa belle sœur, c’est à dire mon grand père et ma grand mère

 

                                          anaïs Dorothée

                                                      Tante Anaïs et Tante Dorothée       

 

                                             pépé et mémé Sancéré

                                                              Pépé et Mémé Sancéré

 

Il y avait aussi le mari de la tante Dorothée, le Tonton Perrin, Monsieur Robert dont je n’ai jamais connu le lien de parenté avec la famille mais qui d’après certaines rumeurs aurait été son ancien amant et une ancienne employée avec son mari.

Il y avait aussi une bonne qui faisait la cuisine et nettoyait la maison.

Je m'amusais souvent des conversations entre mon père et tante Dorothée au sujet de la bonne.

D'après la tante elle était travailleuse mais elle ne lui plaisait pas car elle avait des moustaches.

Il faut dire que ma tante, dans sa jeunesse était très belle et que dans ses magasins, elle avait toujours embauché de très  jolies vendeuses.

J’étais le seul enfant, entouré et choyé par une foule de grandes personnes assez âgées qui me paraissaient assez farfelues.

Il y avait le Tonton Perrin , l’intellectuel de la famille qui avait étudié le latin au séminaire et qui lisait des livres toute la journée.Il était très instruit mais personne ne s’intéressait à ce qu’il expliquait.

Cela a toujours été une constante dans notre famille de commerçants et d'artisants. Nous nous sommes toujours méfiés des intellectuels.

D’ailleurs, quand parfois on me trouvait peu dégourdi , voire niguaud, un membre de ma famille me disait : «  Fais des études, car tu n’es pas assez malin pour être commerçant. »

Cela m’a rendu modeste tout au long de ma carrière professionnelle.

 

Il y avait un autre farfelu chez tante Dorothée, c’était monsieur Robert.Il faisait sans cesse des « inventions » genre concours Lépine.

Je me souviens qu’il avait un jour essayé de fabriquer du mastic mais il n’a pas réussi et il a tout jeté au fond du jardin. Ce qui a bien fait rire mon père et mes cousins.

Il y avait aussi mon grand père Sancéré.

Je le connaissais bien car c’est lui qui nous gardait à Grépiac lorsque j’étais très jeune. Il m’aimait beaucoup.

Nous partions en promenade à bicyclette durant des journées entières, allant parfois jusqu’à Blagnac pour voir mes parents.

On allait aussi pécher au bord du Girou. Certaines années Michel, mon cousin germain le parisien, venait aussi en vacances avec nous.

 

C’est aussi à cette époque que j’ai été enfant de cœur.

Ma tante, qui se la jouait un peu, invitait à ses goûters une série de dames patronnesses de Villariès dont la plus importante était la comtesse de Viguerie qui habitait le grand château qui domine le village.

A ses goûters, il y avait toujours le vieux curé et c’est lui qui me proposa de devenir enfant de cœur.

C’est ainsi que, avec ma chasuble rouge et blanche, je suis devenu un maître dans l’art de chanter la messe en latin, d’utiliser les burettes, de remuer l’encensoir et de boire le vin de messe en cachette dans la sacristie.

Je me souviens aussi des enterrements où l’on suivait, en marchant dans la boue, un corbillard tiré par un cheval maigre. Mais à l’époque, je trouvais ces situations plutôt cocasses.

 

Je me souviens aussi à cette époque de deux évènements liés au climat.

 Tout d’abord, il y eut en 1955, 1956, un hiver très rude .Le canal du midi était gelé et on pouvait patiner sur la Garonne. J’étais au lycée Bellevue. On se gelait la nuit dans les dortoirs.

Le matin pour rejoindre le bâtiment du réfectoire on empruntait un chemin très pentu. Or cette semaine là, comme il y avait beaucoup de neige, on a fait des courses de luges sur nos cartables.

 

Le printemps suivant, probablement à cause de la fonte des neiges, il y eut une très grande crue de la Garonne.

Et comme notre maison se situait près de la Garonne et aussi près de l’embouchure du Touch, l’eau est montée , montée.

Pendant une semaine chaque jour et aussi chaque nuit on surveillait le niveau de la Garonne par rapport aux piles du pont. L’eau se rapprochait de notre maison.  

 Au plus haut, elle était très prés de notre cave mais nous n’avons jamais été inondé.

Par contre chez un de mes copains, Alain Veiller qui avait une très jolie villa au bord du Touch, l’eau est arrivée dans sa cuisine jusqu’à une hauteur de 1 mètre.

 Mon père ne s’inquiétait pas trop de la montée des eaux. Il en profitait pour braconner.

Avec un de ses copains, un gendarme de Blagnac, ils allaient pécher de tout petits poissons à la tombée de la nuit.

Je l’ai appris plus tard mais lorsqu’il y a de forts courants, les poissons se serrent les uns contre les autres et se mettent à l'abri prés des berges.

Alors mon père et le gendarme lançaient dans l’eau un grand filet de pêche qu'on appelait un épervier.

Parfois ils utilisaient une très grosse épuisette de plus d’un mètre de diamètre qu’il fallait manipuler à deux.

Tout cela était interdit, mais c’était le gendarme, l'ami de mon père qui faisait office de garde champêtre et qui était sensé surveiller les braconniers.

En quelques minutes ils ramenaient sur la berge des quantités énormes de petits poissons qu'ils mettaient dans un grand sac et qu’ils offraient à tout le quartier.

 

Il me revient un autre souvenir de cet époque. Celui de ma collection de timbres.

J'avais commencé à collectionner des timbres surtout de France.

Ma mère m'avait acheté un jolie classeur où je les rangeais soigneusement .

De temps en temps j'allais à Toulouse chez un marchand philatéliste et je revenais avec une pochette de quelques timbres représentant des personnages historiques ou des cathédrales.

Il n'y avait pas beaucoup d'images à l'époque mais les timbres c'était magique car ils avaient de la valeur.

J'avais un catalogue où ils étaient répertoriés avec pour chacun d'eux sa valeur en francs.

Je passais mes journées à les admirer et à calculer la valeur totale de ma collection.

En fait elle ne valait pas très cher au début car je n'avais pas de timbres rares.

Mais j'avais un ami, Alain Veiller dont le père était un grand collectionneur.

Il avait une collection magnifique avec de nombreux classeurs et des timbres rares donc chers.

Alors de temps en temps Alain m'apportait des timbres qu'il subtilisait à son père et en échange je lui donnais des cigarettes que je prenais au magasin en cachette de mes parents.

Ce qui fait que au bout de quelques années j'étais à la tête d'une belle collection avec quelques timbres de valeur.

Je ne me souviens pas de la valeur finale de ma collection mais je sais que je l'ai vendue un bon prix à mon marchand Toulousain quelques années plus tard.

J'avais environ douze ans. Je ne m'intéressais plus aux timbres. C'était le début des électrophones, l'ancêtre des chaînes hi fi.

Mon père avait acheté un tourne-disques avec quelques disques vinyl de Dalida, d'André Dassari et des histoires de Robert Lamoureux et de Fernand Raynaud.

Les disques étaient relativement chers à l'époque mais grâce à la vente de ma collection de timbre je m'étais payé une trentaine de vinyls avec les tubes de l'époque : Paul Anka, Bill Halley, les Platters, Elvis Presley, les Machucambos et Ben et sa tumba.

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