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Souvenirs henri
24 août 2015

Menace de fusion régates PN

 

 

1998 fut une année relativement calme. ISIS MPP était devenue la plus rentable des filiales du groupe Technicatome. Le P-DG Yannick Le Corre était ravi . Mais les autres filiales avaient toujours des problèmes de rentabilité.

 

Surtout l'autre société Toulousaine CEIS qui, pour essayer de réduire ses charges , avait été regroupée avec CEIS espace, puis avec CITA et s'appelait maintenant ELTA.

 

Comme elle était toujours déficitaire, les stratèges de TECHNICATOME envisagèrent de la regrouper avec ISIS MPP.

 

Je compris rapidement que dans cette éventualité mon poste de DG était en grand danger car ELTA était dirigée depuis quelques temps par un jeune polytechnicien Pierre Verzat qui serait à coup sur le P-DG de la nouvelle société.

 

Au mieux, je serai dilué dans la hiérarchie, au pire je serai remercié.

 

D'autant plus que Verzat avait été embauché dans le groupe TECHNICATOME en même temps que son copain Hervé Guillou, le nouveau directeur général du groupe, lui aussi polytechnicien.

 

Comme le directeur financier Jacques Soteras et même mon propre P-DG , Robert Saglio étaient eux aussi partisans de cette fusion mes jours étaient comptés.

 

J'avais cependant quelques atouts.

 

Tout d'abord le fait que j'avais redressé la situation chez ISIS en 1993 et chez MPP en 1997.

 

Mais surtout que je bénéficiais du support de la totalité de mes cadres anciens d’Isis et anciens de MPP. Ils craignaient tous qu'un nouveau DG les entraîne dans une nouvelle crise.

 

Yannick Le Corre hésitait à prendre cette décision qu'il reportait à chaque conseil d'administration.

 

Finalement il décida de me rencontrer en présence de tout mes cadres un soir dans nos locaux de Champlan.

 

Et c'est avec une grande émotion que j'entendis tous mes cadres prendre un à un ma défense.

 

Yannick Le Corre fut rassuré et on n'a plus jamais parlé de fusion entre ELTA et ISIS MPP.

 

J'étais passé très prêt de la correctionnelle car en tant que mandataire social j'aurais pu être licencié sans indemnité.

 

Cela me rappelle ce qui est arrivé à mon ami et ancien collègue du LAAS, Alain Monier lorsqu’il était directeur adjoint de ELTA.

 

Il n'était plus d'accord avec la stratégie de son P-DG, Pierre Verzat et il l'avait fait savoir.

 

C'est pour cette raison qu'il a été licencié du jour au lendemain.

 

En effet, un matin alors qu'il essayait d'ouvrir la porte de son bureau, il constata que sa clé ne fonctionnait plus.

 

Il appela le responsable de la logistique qui l'informa que sur ordre du P-DG, il devait rendre les clés de sa voiture de fonction et son téléphone portable.

 

Il pénétra ensuite dans son bureau sous la surveillance du responsable de la logistique pour ne prendre que ses affaires personnelles.

 

Il fut ensuite raccompagné jusqu'à l'entrée de la société où son épouse est venue le chercher.

 

Et il a quitté définitivement la société qu'il avait dirigé pendant de nombreuses années.

 

 

 

Je me souviens aussi de Philippe Destanbert, un autre dirigeant de cette société qui avait lui aussi été débarqué rapidement au cours d'un conseil d'administration .

 

Une heure avant celui-ci on avait déjeuné ensemble et il m'avait confié que vu que les résultats de sa société n'étaient pas très bons, il s'attendait à un conseil assez rude. Je ne l'ai jamais revu.

 

 

 

En tout cas pour moi après l'épisode de la fusion ratée entre ELTA et ISIS MPP , mon mandat n'a pas été remis en question et j'ai pu continuer ma stratégie de développement de la société.

 

 

 

C'est aussi cette année là que l'on a envisagé un rapprochement entre ISIS MPP et Aérospatiale Test et Services.

 

C'était une grande fierté pour moi car T & S était le département que j'avais quitté en 1981 pour

 

rejoindre Matra espace et que j'avais retrouvé en 1991 comme principal client.

 

Cette société avait décidé de nous rayer de la liste de leurs fournisseurs et avait enclenché la pire crise de l'histoire d’Isis qui aurait pu nous entraîner à la liquidation en 1992.

 

Six ans après, nous étions devenu leur principal concurrent.

 

Et c'est d'égal à égal que nous nous sommes rencontrés pour examiner en toute confidentialité les conditions d'un partenariat entre nos deux sociétés qui pourraient nous amener à la constitution d'une société unique.

 

Dans ce but j'ai rencontré avec mon P-DG Robert Saglio, les dirigeants de Test & Services avec parmi eux Pierre Miquel mon ancien collègue .

 

A la lecture de nos bilans respectifs et à la présentation de nos stratégies respectives, il s'est avéré que Isis était de très loin la plus performante.

 

L'idée était dans un premier temps de créer une holding qui aurait nos deux sociétés comme filiales.

 

AIRBUS conserverait 51 % de sa filiale T & S et TECHNICATOME 51 % d'Isis Mpp.

 

Mais AIRBUS demanda ensuite à être majoritaire dans la holding et TECHNICATOME voulait elle aussi la majorité.

 

Le rapprochement échoua.

 

Dommage, on aurait pu ainsi créer une société leader mondial du test électrique.

 

Mais j'aurais sans doute perdu mon poste de décideur ou, plus probablement ,j'aurais été amené à quitter ISIS MPP.

 

 

 

C'est aussi cet année là que j'ai participé à ma première régate.

 

Yannick Le Corre , le P-DG de TECHNICATOME avait proposé à toutes ses filiales de participer à la régate organisée par les industriels de la propulsion nucléaire.

 

Chaque année, les sociétés impliquées dans le développement des réacteurs nucléaires qui équipaient les moteurs des sous-marins SNA et SNLE et ceux du porte avions Charles De Gaule participaient , pendant un week-end à une régate amicale.

 

Il y avait bien sûr tous les établissements de la DCN , la direction de la construction navale et TECHNICATOME, la société maître d’œuvre des réacteurs nucléaires ainsi que toutes ses filiales.

 

En tout, une vingtaine de bateaux, des voiliers de 11m avec un équipage de 8 à 10 marins.

 

Les équipages étaient, pour la plus part très affûtés. Je me souviens de l'équipage de DCN Cherbourg, composé de 10 marins authentiques, tous rasés de prêt, au garde à vous sur le pont de leur voilier, impeccables, faisant des manœuvres très coordonnées sans un mot.

 

J'ai appris que durant le mois qui précédait la régate, ils s’entraînaient toutes les après midi dans la baie de Cherbourg.

 

Il y avait aussi le voilier TECHNICATOME qui faisait partie des postulants à la victoire finale.

 

Bien qu'installée à Aix en Provence et à Cadarache notre maison mère comportait un grand nombre de bretons qui bien sûr étaient tous d'excellents marins.

 

Dès que Yannick Le Corre m'a proposé de participer à la régate, j'ai tout de suite accepté mais en rentrant d'Aix en Provence j'ai réalisé qu’Isis n'avait aucune compétence dans le domaine de la voile.

 

Ma seule expérience remontait à mon époque Matra espace . J'avais participé à quelques week-ends de cabotages, toujours en qualité d'équipier dont un mémorable entre Saint Cyprien et Puerto de la selva où l'on avait frôlé la catastrophe. Le vent était passé en quelques minutes de force 3 à force 9. On avait déchiré le foc et on n'avait pas pu franchir le cap Béar. On était rentré au moteur jusqu'à Banyuls et on avait rejoint Saint Cyprien en taxi.

 

C'était la première fois que j'emmenais Marie-Claire et Rémi. Ils m'en parlent encore.

 

Une autre fois, toujours à Matra, j'avais voulu prendre la barre par vent arrière. J'ai empanné et il s'en est fallu de peu que tout l'équipage se retrouve à l'eau.

 

 

 

Donc expérience nulle mais comme j'avais donné mon accord pour participer, sans prétendre à la victoire il fallait au moins faire bonne figure.

 

Georges Escola et Alain Pourteau mes deux directeurs commerciaux n'avaient eux non plus aucune expérience mais ils étaient enthousiastes car ils espéraient rencontrer beaucoup de futurs clients lors de ce week-end.

 

A mon retour je me suis aperçu que aucun des membres du personnel d’Isis n'avait participé à une régate mais ils étaient tous volontaires intéresses par la possibilité de passer un week-end entre collègues aux frais de la société.

 

Je craignais tout de même pour notre sécurité et celle du bateau que l'on devait louer.

 

Il me fallait trouver un skipper à l'extérieur de la société.. J'ai proposé à mon ami, Philippe Proust de venir nous secourir. C'était un très bon skipper, probablement le meilleur parmi tous les participants à notre régate. Il avait même traversé l'atlantique et avait gagné beaucoup de régates notamment à l'île de Ré. Il vint avec son fils Damien , le copain de Rémi qui était un excellent équipier.

 

On démarra la régate avec Philippe à la barre, Damien au piano et quelques costauds de la société à la manœuvre avec les winchs, le foc, la grand voile et même parfois le spi.

 

Quant à moi, sur le bateau, j'avais le rôle du sponsor donc je restais assis à contempler les manœuvres et je me déplaçais sans cesse en prenant garde de ne pas déranger les équipiers .

 

Au bout de quelques essais notre équipage était suffisamment performant pour nous permettre de faire illusion et si nous n'avons gagné aucune épreuve, nous nous en sommes sortie avec honneur.

 

Nos concurrents ont même félicité Philippe pour ses manœuvres délicates.

 

Et c'est ainsi que chaque année nous avons participé à toutes les régates de la propulsion nucléaire, accompagnés de Philippe et Damien mais aussi de Marie-Claire et de Geneviève, l'épouse de Philippe

 

Je me souviens en particulier de week-end à La Baule, à Toulon et à Marseille, chaque régate étant organisée par le vainqueur de l'année précédente.

 

Nous n'avons jamais gagné. Je ne sais pas quel port j'aurais choisi si j'avais gagné.

 

J'aurais peut-être proposé une régate en pédalos sur le lac de la Ramée mais je ne suis pas sûr que les marins bretons auraient apprécié.

 

 

 

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