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Souvenirs henri
24 août 2015

CS Telecom , l'AZF Toulouse

 

Que d'événements en cette année 2001.

On démarrait à peine nos aventures cannoises qu'est arrivée l'affaire CS Télécom .

 

Tout est parti de Bruno Langlois qui dirigeait les établissements du secteur sud d'ISIS .

Il prévoyait que ses deux principales activités allaient décroître

La première , le développement de programmes de test de cartes, parce que depuis le passage aux 35 heures, nos clients quittaient la France pour externaliser leur production dans les pays de l'Est, au Magreb et surtout en Chine.

Comme cette activité est essentiellement un service de proximité, il sera difficile de conserver nos clients à l'étranger.

L'autre activité, le dépannage des centraux téléphoniques filaires pour France Télécom et Alcatel, régressait d'année en année avec la montée en puissance des téléphones mobiles.

 

Il fallait trouver un nouveau relais de croissance pour nos équipes parisiennes.

 

D'autant plus que les agences du secteur sud étaient maintenant devenues très performantes grâce à trois activités.

Le test d'équipements de Mohamed el Ouardi sur Toulouse et Bordeaux .

Les bancs de test systèmes de Michel Hollinger sur Toulouse et depuis peu à Cannes avec notre nouvelle acquisition.

Et bien sûr, les activités très profitables de réparations d'équipements embarqués pour Thomson de Jean Canavy.

 

Le décalage en terme de charge et surtout de rentabilité entre le secteur sud et le secteur nord s'intensifiait et pouvait devenir une source de problèmes sociaux.

Le personnel du Sud estimait qu'il aurait de meilleures augmentations de salaires si l'on se séparait des activités peu rentables du nord .

Le personnel du Nord pensait lui qu'il était négligé par la direction générale installée à Toulouse et que , depuis la reprise de MPP par ISIS, la stratégie de développement s'exerçait exclusivement au bénéfice des Toulousains.

 

Il est vrai que les commerciaux du secteur nord passaient une grande partie de leur temps à rechercher des affaires pour les activités de Toulouse, alors que, aucun des commerciaux du secteur sud ne se préoccupait des affaires de Champlan.

 

Il fallait envoyer un signe fort en direction des Parisiens .

Mais ils n'étaient pas assez pointus techniquement pour gagner de nouveaux projets , face à la concurrence. .

La seule option qui me paraissait sérieuse pour accroître l'activité et développer de nouvelles compétences passait, là aussi par le rachat d'une société.

 

C'est précisément à ce moment que Bruno eut connaissance des déboires de deux filiales de la société CS Communications & Systèmes.

Suite à une situation financière catastrophique, les filiales télécoms de la société CS SI se retrouvaient en liquidation judiciaire.

Deux entités étaient concernées , CS Télécoms, qui employait 350 salariés pour l'étude et la maintenance d'équipements de Télécommunications et CS Electronics qui produisait ces équipements.

L'ensemble représentait en 2000, un chiffre d'affaires de 80 millions d'euros , pour une perte de 33 millions .

Bruno, m'a proposé d'examiner les différentes activités de ces deux sociétés et de se porter acquéreur de quelques unes d'entre elles au près du tribunal de commerce de Nanterre. … Sacré boulot.

 

Nous connaissions bien la société CS SI et son P DG Yazid Zabeg . Je l'avais rencontré avec Robert Saglio en 1995 lors du rachat de leur agence de Brest mais là c'était dans un tout autre contexte .

Il fallait passer par le tribunal de commerce . L'affaire était beaucoup plus importante et complexe.

Il y avait énormément d'employés qui risquaient d'être licenciés et de ce fait, les politiques et les média s'en mêlaient.

Et, comme souvent lors des liquidations judiciaires , quelques sociétés sulfureuses se portaient candidates à la reprise de certaines activités sans aucune éthique.

Pour notre part, notre société n'avait que des moyens limités . Nous n'avions pas l'ambition de reprendre la totalité de la société.

Nous cherchions, seulement si, parmi les différents produits développés par CS Télécoms, nous pourrions en récupérer quelques uns, à la manière de ce que nous avions fait lors de la reprise du centre de maintenance de Thomson.

 

On rencontra le directeur général de CS Télécoms, Mr Chekroun qui nous confirma ce que nous avions lu dans la presse, que la situation était catastrophique et qu'il désirait résoudre ses problèmes le plus rapidement possible .

Il nous présenta une liste d'activités et de produits susceptibles de nous intéresser.

Très rapidement, nous primes conscience que nous n'avions chez ISIS, aucune compétence dans le domaine des télécoms.

Comme pour l'affaire Thomson, il nous fallait trouver un homme clé en qui nous aurions confiance pour nous aider à faire le tri dans cette inventaire à la Prévert de produits télécoms.

Trouver, cet oiseau rare est toujours une entreprise délicate, avec des conséquences qui peuvent soit dépasser nos plus folles espérances comme ce fut le cas avec Jean Canavy et l'affaire Thomson soit aboutir à des résultats catastrophiques comme lors de l'affaire Cannoise.

 

Parmi, les cadres de CS Télecoms, on identifia Jean Gyuran, le directeur des services achats, logistique et support produits , un département de 80 personnes.

On le rencontra sans tarder et on fut séduit par la personne.

Il était je pense natif de l'est de la France , pas du tout extraverti comme les gens du sud, très calme et réfléchi .

Manifestement, il était très compétent , connaissait parfaitement le métier des télécoms, les clients, les fournisseurs et paraissait capable de choisir parmi les produits que l'on nous proposait ceux qui auraient pour nous un réel intérêt.

Je lui fis la proposition suivante.

Il nous aidait à préparer l'offre de reprise partielle de la société CS Télécoms au près du tribunal de commerce de Nanterre et si l'on gagnait, je l'embauchais et le nommais immédiatement directeur industriel du site de Champlan sous la responsabilité de Bruno Langlois .

Manifestement l'évolution de sa carrière au sein du groupe CS lui paraissait compromise .

Il avait environ 50 ans et il imaginait qu'en cas de licenciement il aurait énormément de difficultés à retrouver une situation équivalente.

Je pense aussi que la manière dont on s'était comporté lors de la reprise de l'atelier de maintenance de Thomson, a énormément influencé sa décision.

Il accepta le deal .

A deux ans d'intervalle on rejouait la même pièce, avec cette fois Jean Gyuran dans le rôle de Jean Canavy.

Il nous permit de faire un choix judicieux parmi la quantité d'équipements proposés par le liquidateur judiciaire et nous proposa d'embaucher les techniciens qu'il estimait être indispensables à la poursuite de l'activité.

Parmi ces produits, je me souviens qu'il y avait certains équipements du réseau RUBIS , l'ancien système de communication téléphonique de la gendarmerie et les boîtiers DRS qui étaient utilisés pour transmettre des données dans des zones non couvertes par les réseaux traditionnels de télécommunications comme par exemple en Afrique.

 

Mais l'affaire n'était pas terminée car il fallait maintenant attendre la décision du tribunal de commerce de Nanterre qui recevait tous les jours des propositions concurrentes de la part de sociétés plus ou moins sérieuses et tout cela commenté par les politiques et les média .

 

C'est d'ailleurs au cours de ces événements que nous avons rencontrés pour la première fois, nos futurs repreneurs, Jean Yves Rivière et Philippe Gautier, les dirigeants d'Eurilogic qui était alors une jeune société de 4 ans d'âge avec un chiffre d'affaires de 20 M€.

Ils se sont très rapidement désintéressés de l'affaire .

 

Parmi, les sociétés intéressés par la reprise partielle de CS Télecoms, je me souviens particulièrement de l'une d'entre elles.

C'était une filiale Danoise , d'une société de Télécommunications Brésilienne qui avait proposé de créer une filiale Française et reprenait, moyennant une forte somme , la totalité des bâtiments de plus de 4000 M2 avec tout le mobilier.

Dans un premier temps, à la surprise générale, la société a été choisie par le tribunal de commerce mais au bout de quelques jours il changea d'avis car les sommes initialement proposées n'ont jamais été versées .

Par contre pendant quelques jours des cadres de cette société sont arrivés dans les locaux de CS Télecoms et ont commencé à vendre et à récupérer les voitures de fonctions, les meubles et les ordinateurs.

 

Finalement, le tribunal de commerce de Nanterre rendit une ordonnance de reprise de CS Télecoms par trois repreneurs qui avaient déposé des offres conjointes, avec parmi elles, la proposition d'ISIS MPP.

Je me souviens que le journal Le Monde avait titré, le lendemain : CS Télécom repris dans des conditions rocambolesques.

 

Par contre pour ISIS, cette acquisition fut un réelle opportunité qui devint une success story .

L'arrivée de Jean Gyuran et de son équipe donna un coup de jeune à l'établissement de Champlan et accentua son caractère industriel .

A côté des activités traditionnelles de développement de logiciel de test et de réparation des centraux téléphoniques il y avait maintenant un département qui développait et maintenait des équipements pour le secteur des télécoms.

Bruno Langlois , Aymeric Bessiere , l'adjoint de Micheline Fontaine et la majorité du personnel étaient ravis. Il n'y avait plus de rivalités entre les secteurs sud et nord .

Le site était devenu rentable , le personnel était heureux et regardait l'avenir avec sérénité .

 

Il fallait bien sûr que les commerciaux retrouvent tous les mois de nouveaux clients et de nouveaux projets mais ISIS MPP avait acquis une belle notoriété et je n'avais plus de problèmes avec mon actionnaire....

Nous étions en Septembre 2001 ….

 

 

11 septembre 2001, l'attentat contre le World Trade Center à New-York.

Qui ne se souvient de l'instant et de l'endroit où il se trouvait lorsqu'il apprit la nouvelle.

Pour ma part, j'étais à Champlan et j'animais la réunion hebdomadaire avec les cadres du secteur nord.

La nouvelle stupéfiante nous est parvenue à un moment particulièrement agréable de ma vie professionnelle et familiale.

Côté familial, je me souviens que le week-end précédent, nous étions en ballade près du cirque de Gavarnie.

Nous avions couché au refuge de la Brèche de Roland et le lendemain avec Rémi et nos amis les Soulcié , nous avions fait l’ascension du mont Perdu.

Le matin du 11 septembre j'avais pris la navette Toulouse Orly de 7 h 40 et comme tous les mardi, Alain Pourteau était venu me chercher à l'Aéroport. Il faisait beau.

Et tout à coup en pleine réunion, la nouvelle.

La journée fut particulièrement pénible . Les informations arrivaient au goutte à goutte et on imaginait qu'il s'agissait d'un conflit planétaire et qu'un autre avion allait probablement être la prochaine cible et pourquoi pas en France.

Je n'ai jamais été d'un naturel angoissé mais je ne pouvais pas m’empêcher de penser qu'il faudrait que je rentre le soir même à Toulouse par la navette de 19 h 30 .

D'autant plus que cette semaine là, comme très souvent à cette période, j'avais planifié quelques voyages en avion.

Le jeudi, je devais me rendre à Nantes et je revenais le vendredi à Paris.

Je dois reconnaître que j'ai été assez rassuré quand ce 11 septembre, la navette s'est posée sur le tarmac de Blagnac.

 

Mais ce n'était pas la fin des événements extraordinaires de ce mois de septembre 2001.

 

Dix jours plus tard, le 21 septembre, j'avais organisé sur notre site de Toulouse, une réunion exceptionnelle des cadres de l'entreprise.

J'avais convié à cette réunion pour la première fois Jack Swift qui depuis le 15 mars était le responsable de notre agence de Cannes et Denis Stevant le directeur de Technitest qui était devenue l'agence de Nantes d'ISIS, quelques mois auparavant.

Et comme nous étions en négociations pour la reprise de CS Télécoms, j'avais invité Jean Gyuran pour qu'il rencontre directement tous les cadres de l'entreprise et que cela lui donne envie de rejoindre notre groupe.

 

C'est ainsi que tous les cadres d'ISIS se trouvaient réunis pour la première fois dans un même lieu, le site de Thibaud à Toulouse, lui même situé à quatre kilomètres du site d'AZF qui explosa ce jour là vers 10 heures du matin.

Cette explosion a été suffisamment commentée dans les média. Je veux simplement rajouté quelques détails personnels.

Mon gendre, Christophe Bezard, revenait ce jour là d'un cours à l'université Paul Sabatier . Il rentrait chez lui par la rocade et avait traversé le pont qui jouxte le site AZF, quelques minutes après l'explosion. Il en parle encore aujourd'hui avec une extrême émotion.

Vision des voitures détruites, des immeubles dévastés, des vitres brisées, des gens en sang, et d'un embouteillage inimaginable sur la rocade et les rues adjacentes.

 

Chez ISIS le choc, puis le bruit sourd nous surprit et nous alarma immédiatement.

Le plafond d'une partie l’accueil fut énormément endommagés mais il n'y eut aucun blessé . Le plafond de mon bureau s'est aussi effondré mais fort heureusement, je me trouvais avec tous les cadres dans la salle de réunion qui bien qu'étant à quelques mètres de mon bureau ne fut pas endommagée.

Excepté dans mon bureau et dans le hall d'entrée il n'y eut pas énormément de dégradations dans l'établissement.

Patrick Dupleix me raconta un peu plus tard qu'il avait été soulevé de sa chaise au moment de l'explosion. Quand on le voit avec sa stature de deuxième ligne de rugby on a une idée de la violence du souffle qui a traversé le bâtiment.

Nous avons une explication au faible effet de la déflagration sur notre établissement.

Quelques mois auparavant, nous avions été obligé de construire un nouveau bâtiment sur le site de Thibaud, pour installer les équipes de Thomson.

Au cours de la construction, le personnel s'était plaint au près du comité hygiène et sécurité des nuisances sonores car le bâtiment jouxtait la nationale.

Pour y remédier, Philippe Lambert, le responsable de la logistique me proposa de faire un mur anti bruit avec la terre du chantier .

C'est probablement ce mur qui a dévié le souffle et qui nous a évité un drame.

Dès la déflagration, on a tous pensé à l'attentat du World Trade Center . Certains pensaient qu'il avait eu lieu dans les locaux d'AIRBUS , d'autres dans un super marché, d'autre à l'université Paul Sabatier , de l'autre coté de Toulouse.

J'ai comme tout le monde , utilisé mon portable pour entrer en contact avec Marie-Claire et la famille ce qui m'a rassuré .

Au bout d'un certain temps, on apprit que c'était l'usine AZF qui avait explosé.

J'ai immédiatement pensé à un attentat et au phosgène.

J'explique.

Comme tous les vieux toulousains, j'avais toujours entendu parler de l'usine de Phosgène, qui fabriquait ce gaz pour les besoins des lanceurs d'Ariane Espace.

Une rumeur circulait à Toulouse .

Selon cette rumeur, le phosgène traversait la Garonne sous le pont d'Empalot et , à l'occasion d' une crue, le tuyau pourrait céder et le gaz  se propagerait dans la nature .

Il y aurait , disait-on, suffisamment de gaz pour anéantir la population toulousaine .

Sans trop y croire, je me souviens que lorsque l'on avait déménagé ISIS de Blagnac vers la zone de Thibaud, je m'étais inquiété de la proximité entre notre nouvel établissement et l'usine AZF .

J'avais contacté à ce sujet une ancienne amie du lycée Raymond Naves, Nicole Maire qui était responsable de la sécurité industrielle à la mairie de Toulouse.

A l'époque, elle m'avait rassuré mais en ce 21 septembre, j'ai imaginé un instant un scenario digne d'un film d'épouvante.

Par suite de l'explosion de l'usine AZF déclenchée par des terroristes, le gaz phosgène se répendrait dans Toulouse provoquant une catastrophe bien supérieure à celle de World Trade Center.

J'étais en pleine parano mais je n'en ai parlé à personne .

Dans un premier temps, j'ai autorisé le personnel à rentrer chez lui mais on s'est rapidement aperçu que cela était impossible car il y avait un tel embouteillage au tour de nous qu'il était impossible de circuler.

J'ai alors décidé de regrouper tout le personnel dans le grand atelier et de calfeutrer toutes les ouvertures .

Nous avons attendu ainsi une partie de la journée sans beaucoup d'informations mais dans la bonne humeur.

Passé, le premier moment d'inquiétude, le personnel qui était relativement jeune s'est plutôt amusé de la situation .

On ne pouvait pas sortir de notre établissement car les rues étaient bloquées par les automobilistes qui voulaient rentrer chez eux et par toutes les voitures qui étaient abndonnées au milieu des rues.

La circulation n'est redevenue normale qu'en fin d'après midi et nous sommes tous rentrés tranquillement chez nous.

 

 

 

 

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