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Souvenirs henri
6 mars 2016

Mes échecs

En relisant mes notes , je m'aperçois que chaque fois que j'ai présenté nos opérations de croissance externe , que ce soit à propos d'acquisition de sociétés , de reprise de fonds de commerce par négociation directe ou après autorisation des tribunaux de commerce , je n'ai cité que mes réussites .

Comme s'il suffisait que je m’intéresse à une société pour que son dirigeant décide sur le champ de se retirer des affaires ou de m'accompagner pour participer à la croissance de ma société .

En fait , la plus part du temps , mes tentatives d'acquisition se sont soldées par des échecs .

La principale raison résultait du fait que la plus part des managers ne désiraient pas fusionner leur entreprise avec la nôtre car ils ne voulaient pas partager le pouvoir .

D'autres désiraient céder leurs entreprises mais étaient tétanisés à l'idée qu'un concurrent réel ou en devenir puisse jeter un œil sur leurs affaires .

D'autres avaient peu confiance en la réussite du projet et trouvaient le risque trop important.

D'autres auraient été d'accord à la condition de conserver la majorité à l'intérieur du nouveau groupe et demeurer maître de la stratégie .

D'autres ne voulaient surtout pas grossir car ils craignaient de ne pas être à la hauteur des futurs enjeux .

La plus part étaient fiers de leur parcours et n'avaient pas envie de se remettre en questions .

Certains enfin pensaient céder l'entreprise à leurs héritiers dès que cela serait possible .

Mais le principal obstacle était surtout d'ordre financier en particulier lorsqu'il fallait préciser la valorisation de nos sociétés respectives .

 

Je présente donc ici quelques uns de mes échecs avec cette liste non exhaustive des sociétés avec les quelles nous sommes entrées en négociations .

Normalement, le but avoué de ces négociations consistait à parvenir à un accord commercial avec cette société ou à en faire l'acquisition .

Avec parfois des retournements de situation, la proie devenant le chasseur et trouvant notre société attractive on nous proposait tout simplement de la racheter .

 

Je me souviens de la société GATE située à Istanbul, qui développait comme ISIS , des bancs de test de cartes électroniques . J'avais rencontré sa Présidente avec Alain Thibaud .

Nous avions l'intention de créer ensemble une filiale commune en Turquie pour aider l'armée à maintenir des équipement THALES .

Mais je me souviens qu'elle était très jeune et très belle avec un teint d'une blancheur incroyable pour une Turque . Elle était probablement d'origine circassienne .

Comme elle était aussi très riche et qu'elle avait été nommée à son poste par son père , j'avais imaginé qu'elle était la descendante d'un Sultan et d'une belle esclave européenne enfermée dans le sérail de Topkapi . L'affaire n'a jamais abouti .

 

Dans un tout autre contexte , j'ai rencontré Bernard Riondet le Président de Greenfield Technologie .

J'avais très envie de m'associer avec cette très petite société sous traitante du Commissariat à l'énergie atomique, le CEA .

Greenfield Technologie développait des systèmes d'acquisition électronique .

Des sortes d'oscilloscopes sans écran de visualisation qui enregistraient des impulsions électromagnétiques avec une résolution inférieure à la picoseconde .

Ils étaient installés dans des puits sous la mer lors des essais nucléaires dans le pacifique .

C'était une société très particulière qui ne comprenait que trois ingénieurs très compétents et tous retraités .

L'affaire ne s'est pas faîte car ils demandaient trop cher .

Je pense que le prix était correct , la société était hyper rentable mais nous n'avions pas les moyens de notre ambition .

 

A propos de ces sociétés très rentables qui opéraient dans le milieu de la Défense nucléaire , je me souviens particulièrement d'une autre société qui s'appelait ELCA pour Électronique du Capitole .

Je n'ai jamais eu de contact professionnel avec cette société mais j'avais croisé son P DG lorsque j'étais enseignant chercheur au LAAS .

Je me souviens d'un homme assez corpulent , la tête rasé qui venait voir le professeur Lagasse dans une magnifique chevrolet décapotable en fumant des énormes cigares .

Quelques années plus tard , j'ai à nouveau entendu parler de cette société lorsque Jacques Chirac a décidé d'arrêter les essais nucléaires dans le pacifique.

Du jour au lendemain , ELCA n'eut plus aucune commande et au lieu de chercher d'autres activités son P DG décida de procéder à sa liquidation .

Il a donc immédiatement licencié tout son personnel dont certains membres auraient du travailler encore plus de dix ans avant de pouvoir exercer leur plein droit à la retraite .

Mais comme cette société avait été durant plus de trente ans hyper rentable , le P DG a décidé de verser à chaque employé une prime de licenciement équivalente à ce qu'il aurait touché s'il avait continué à travailler jusqu'à la retraite y compris les charges salariales .

En conséquence tous les membres du personnel de cette société sont devenus rentiers .

Elle est pas belle la vie ?

 

J'ai aussi , un moment , était intéressé par une association avec le groupe BTS Industrie que je connaissais depuis mes années Matra .

Il regroupait trois sociétés spécialisées en mécanique , en câblage électrique et en dessins industriels.

Ce groupe s'était installé à Toulouse , en provenance de Velizy lorsque Matra espace avait décentralisé son activité intégration des contrôles-commandes des lanceurs ARIANE .

C'est ce groupe qui avait embauché les câbleurs d'ISIS lors du plan social de 1992 .

Depuis , il avait été repris par un jeune ingénieur que j'avais connu lorsque je travaillais chez Matra , Christian Bec.

J'aimais bien Christian et j'imaginais que la complémentarité entre nos différentes compétences serait une force si nous unissions nos deux groupes .

En particulier, l'addition d'une compétence mécanique à nos équipes électroniques et informatiques , nous permettrait de développer des équipements complets.

On avait déjà réalisé ensemble un très gros projet électro-mécanique chez EADS pour le missile stratégique M51 .

Mais BTS était très endettée et mon conseil d'administration et notamment les représentants de l'IRDI votèrent contre ce rapprochement .

Cependant , quelques années plus tard , alors que j'avais vendu mes parts , j'ai pu aider le groupe Eurilogic à réaliser ce deal mais à un prix supérieur car entre temps BTS avait réduit considérablement son endettement .

 

Avant de m'associer avec ADAS, j'avais aussi approché LORIN , une société qui développait et commercialisait des équipements électroniques et maintenait des appareillages sur le Monge , un navire de la Défense navale bourré de systèmes très complexes .

Elle possédait deux établissements à Toussus le Noble dans la région parisienne et à Aubagne près de Marseille .

J'avais préféré ADAS à l'époque parce qu'elle était beaucoup plus rentable mais j'ai appris quelques années plus tard que cette société avait rejoint également notre groupe après mon départ.

 

Toujours dans la recherche d'opportunités de croissance , nous avions aussi tenté des rapprochements avec des sociétés étrangères .

 

Je me souviens entre autres de la société canadienne Technology Harness Scanner qui commercialisait des testeurs de câblage concurrent du banc de sonnage de l'A380 développé par les équipes de Mohamed El Ouardi .

Ce rapprochement entre nos deux sociétés m'avait été proposé par Charles Dieudé un ancien collègue de l'Aérospatiale qui travaillait à l'ambassade de France à Montréal .

On n'a pas pu conclure le deal mais j'ai appris récemment que la société avait elle aussi rejoint notre groupe .

 

J'avais aussi tenté un rapprochement avec une société allemande , TECHSAT qui développait des produits concurrents de nos bancs BIS .

Cette société a aussi été rachetée un peu plus tard par le groupe Nexeya , mais après mon départ .

 

Pour rentabiliser notre agence de Nantes j'avais contacté la société Tunisienne FUBA près de Bizerte , une société de production de cartes électroniques ainsi que la société Fideltronik à Krakov en Pologne qui exerçait une activité similaire , mais dans les deux cas nous ne nous sommes pas entendus .

 

Toujours pour Nantes , Denis Stevant m'avait proposé de créer une filiale commune avec la société Intersystèmes . J'ai à plusieurs reprises rencontrer Stéphane Léssale , le P DG mais là aussi sans succès .

J'ai appris récemment que, suite aux problèmes liés au Printemps arabe , les dirigeants d'Eurilogic avaient décidé de supprimer toutes les activités exports de l'agence de Nantes.

 

Mais parmi toutes mes échecs , celui que j'ai le plus regretté concerne la société ERCOM .

Créée en 1986 par Jean Lacroix, Ercom développait des technologies de pointe dans le domaine de l’optimisation et de la sécurisation des réseaux de télécommunications. L’entreprise proposait une offre de services mais surtout des produits concernant :

La simulation avec la vente de produits et de services, principalement pour les équipementiers des grands opérateurs de téléphonie mobile, destinés à tester l’infrastructure des réseaux dans le cadre d’une évolution technologique 2G,3G.

La cryptologie avec la commercialisation de produits et de solutions pour sécuriser les flux de données, voix et datas sur les différents supports et sur les réseaux fixes, 2G, 3G.

La défense avec la mise à disposition de matériels de communication spécifiques pour sécuriser les infrastructures .

Si nous nous étions associés avec ERCOM , nous aurions pu , comme avec ADAS en électronique , modifier le business modèle informatique d'ISIS qui serait passé du statut de société de services à celui  , beaucoup plus profitable , d'éditeurs de logiciels .


Mais manifestement cette société n'était pas dans nos moyens et pendant que je négociais petits bras, on leur fit une proposition qui je crois était dix fois supérieure à la notre .

Un dernier souvenir. Lorsque nous étions en négociation avec ERCOM , j'ai rencontré un des actionnaires assez surprenant .

Il s'agissait d'un dominicain qui représentait les intérêt financiers de l'abbaye de Saint Wandrille en Normandie.

Cette très ancienne abbaye avait été envahie par les vikings et avait subit de nombreux dégâts pendant la Révolution et la seconde guerre mondiale .

Elle était devenue aujourd'hui une abbaye imposante et assez traditionnelle .

Elle produisait du miel et des liqueurs . On pouvait y faire retraite ou assister à des concerts liturgiques .

Mais à ma grande surprise elle était aussi actionnaire de quelques sociétés industrielles dont ERCOM qui travaillait pour la Défense nationale et la ministère de l'intérieur .







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