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Souvenirs henri
27 juillet 2012

L'année du bac

 En 1960, le baccalauréat se passait en deux parties sur deux ans, en première et en terminale.

J'ai passé avec succès la première partie au lycée Bellevue. Ce fut je crois la seule année ou l'on passa le bac en trois parties car nous avons eu droit à une épreuve écrite d'histoire en février.

Je me souviens que j'avais eu cette année là une chance folle à cet examen.

Pour nous entraîner, notre professeur d'histoire avait décidé au début de l'année,de nous préparer des dossiers entièrement rédigés sur des sujets qui pourraient sortir à l'examen. Mais faute de temps, il ne nous avait proposé qu'un seul document. Il me semble que c'était sur Mirabeau.

Je n'étudiais pas beaucoup l'histoire et la veille de l'examen j'ai simplement relu le document sur Mirabeau. Or le lendemain, il y avait bien sûr Mirabeau parmi les trois sujets au choix.

Nous étions très peu dans la classe à avoir eu une bonne note et des points de bonus pour la suite de l'épreuve du mois de juin. Je me souviens que le professeur principal avait été très surpris de me voir parmi les meilleurs élèves.

 

J'ai eu moins de chance au cours de l'été car je reçu une lettre du lycée Bellevue me signifiant que j'étais renvoyé de l'internat. Je n'étais pas le seul. Nous étions environ 300 dans le même cas. Je n'ai jamais su exactement les motivations de ces renvois.

Je crois que les autorités du Lycée avaient décidé de faire le ménage dans l'internat suite aux nombreux problèmes d'indiscipline ou peut être voulaient-ils faire de la place car il était question à l'époque de transformer le lycée pour le réserver à une élite sportive, ce qui n'était pas mon cas.

Donc il a fallu au mois d’août, en catastrophe, me trouver un autre lycée.

Mon père voulait que j'entre au lycée Fermat pour ensuite préparer les grandes écoles mais il n'y avait plus de place. Alors on s'est rabattu sur le lycée Raymond Naves à Croix Daurade qui était un lycée de filles et qui, pour la première année acceptait des garçons en terminale.

C'est ainsi qu'après avoir été pendant six ans interne dans un lycée de garçons, je suis devenu demi-pensionnaire dans un lycée de filles.

J'avais dix sept ans et mon père m'avait acheté un très beau scooter, un Vespa avec des supers enjoliveurs et une grande scelle rouge où l'on pouvait monter à trois, ce qui était défendu.

Au début ce fut formidable de rouler en ville avec mon scooter. On était en septembre, il faisait chaud. Quel pied.

Ma principale préoccupation était bien sûr les filles. Il y en avait partout au lycée et elles étaient toutes soit plus jeunes soit de mon âge.

Alors les études passaient après. On pensait surtout aux bals du samedi soir et du dimanche après midi.

Il y avait chaque semaine, en été, une fête dans un quartier de Toulouse comme Saint Michel, Les Minimes, Saint Cyrien, la cote Pavée ou dans un village comme Blagnac, Colomiers , Pibrac ou Cugnaux, Et chaque fête avait son bal avec un orchestre,

L'hiver nous allions dans les dancing de Toulouse comme le Ramier au bord de la Garonne, la Roseraie à la Juncasse, le Monte Carlo à Blagnac et surtout les Capucines près de la gare Matabiau.

 

Avec mes copains Jacques et Francis Gallart, Marceau Riche, Jeannot Hillat et Alain Veiller, il fallait d'abord trouver une table près de la piste, repérer les filles qui nous plaisaient puis, au début de chaque danse, se lever rapidement, s'approcher de la fille convoitée et lui proposer une danse.

C'était un exercice très difficile. Il ne fallait pas se tromper de candidate car on était vite repéré en bien ou en mal.

Notre plus grosse difficulté était de trouver une table car comme j'allais chercher mes copains, un par un , avec ma 2CV nous arrivions toujours en retard.

C'est pour cette raison que nous allions très souvent aux Capucines car il restait toujours une table au fond près des toilettes.

Personne ne voulait s'y installer à cause des relents lorsque les utilisateurs ouvraient la porte et comme il y avait environ une centaine de personnes dans le bal, l'odeur était permanente.

Mais nous, cela ne nous incommodait pas et en plus on voyait défiler devant nous toutes les filles du bal.

 

Un week-end, alors que je venais juste de réceptionner pour la première fois  mon scooter, j'ai décidé avec Jacques Gallart, de retrouver nos petites copines de Narbonne-Plage qui nous avaient invités à Limoux , dans l'Aude , pour la fête du village .

On s'était décidé à la dernière minute et bien sûr sans les avertir. Heureusement il faisait beau car nous n'avions pas de protection pour la pluie.

Je ne me souviens plus combien de temps a duré le voyage mais on a sans doute fait plus de quatre cents kilomètres dans le week-end et quand nous sommes arrivés à Limoux nos copines avaient dèjà d'autres petits copains.

Mais j'avais tout de même fortement apprécié de rouler cheveux au vent par cette belle journée d'automne.

 

Je me revois encore sortant du Lycée Raymond Naves sur mon beau scooter , fonçant vers le faubourg Bonnefoy avec deux copains derrière moi, ce qui était formellement interdit.

Tout cela c'était au début de l'automne mais avec l'hiver les ballades en scooter ne furent pas aussi agréables.

Nous n'avions pas à l'époque d'équipements spécifiques. J'avais juste une casquette et des gants en laine et je me souviens que lorsque j'arrivais tous les matins au lycée j'avais les mains tellement gelées que je ne pouvais pas écrire pendant la première heure de cour.

 

Un matin d'hiver alors que je sortais de chez moi et que je démarrais  à fond sur mon scooter, je dus freiner brusquement sur le pont de Blagnac pour éviter une voiture devant moi.

Mais ce matin là, le pont était verglacé , le scooter a glissé sur le coté et je me suis retrouvé par terre. Heureusement, je ne suis pas tombé à l'eau.

 

Par contre un peu plus tard dans l'année j'ai eu un accident qui aurait put-être beaucoup plus grave.

Une camionnette qui n'avait ni clignotants, ni stops a freiné devant moi et a changé brusquement  de direction ,  ce qui m'a déséquilibré et je suis tombé la tête la première sur le trottoir. Je n'avais pas de casque mais j'ai eu beaucoup de chance.

Mon père passait par là à ce moment et il me vit sur le bord du trottoir et m'emmena rapidement à l'hôpital.

J'étais en sang mais finalement  on ne me fit qu'une piqûre contre le tétanos.

Je n'ai pas eu de séquelles, enfin juste quelques bosses disgracieuses sur la tête qui m'ont toujours empêché de me coiffer à la Yul Brynner.

Cet accident a eu tout de même deux conséquences heureuses.

Tout d'abord et c'est ce que j'ai toujours raconté par la suite, le coup sur la tête m'a rendu intelligent et c'est grâce à lui que j'ai réussi mon bac alors que je n'étais vraiment pas dans les meilleurs de ma classe de Math Elem.

Et surtout, mon père qui avait eu très peur m'interdit définitivement de remonter sur un scooter et décida de m'acheter une 2 CV,. Ma première voiture, à tout juste 18 ans .

Je me souviens avoir passé l'examen du permis de conduire entre l'écrit et l'oral du bac.

Et en juin 1961 j'avais mon bac et ma 2CV.

Comme je n'avais pas eu le bac avec mention, je n'ai pas pu m'inscrire en préparation aux grandes écoles au lycée Fermat, au désespoir de mon père.

Je devais donc choisir une Faculté.

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