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Souvenirs henri
20 décembre 2012

La guerre d'Algérie

J'ai eu beaucoup de chance dans la vie.... Je n'ai pratiquement pas connu de guerre.

Cela peut paraître commun aujourd'hui mais lorsque je suis naît en 1943, ce n'était pas évident.

En effet un frère de ma grand mère maternelle Moïse Verrié est mort au cours de la guerre de 1914-1918.

Mon grand-père maternel, Henri Sancéré est revenu blessé de guerre de la campagne de Grèce en 1918 avec des séquelles toute sa vie.

Le frère de ma mère a été prisonnier pendant la guerre de 1939-1945.

Mon père, ma mère et mon cousin Jeannot ont eu , eux aussi beaucoup de problèmes à la même époque. Je l'ai déjà raconté.

Mon cousin Robert n'a pas été mobilisé lors de la guerre d’Indochine mais il a fait tout son service militaire au Maroc en 1950, à une période où l'on parlait déjà de début de guerre coloniale.

Mais c'est surtout mon frère Christian qui en a le plus bavé pendant la guerre d'Algérie.

Lorsqu'il a été mobilisé, il venait juste de se marier .

Pour ne pas partir en Algérie, il a eu l'idée idiote de se porter candidat à la formation de maître chien en Allemagne.

Mais dès qu'il a été formé, on l'a envoyé en Algérie avec son berger allemand dans un régiment de légionnaires qui devait protéger l'aéroport d'Oran et qui en suite participa à toutes les campagnes dans le bled pendant 27 mois.

Comme tous les combattants qui en ont vraiment bavé, il ne m'a jamais raconté ce qu'il a connu la bas. J'ai appris plus tard qu'il y a eu beaucoup de morts dans son régiment.

Mais par chance, il est revenu sain et sauf.

En fait, lorsqu'il est revenu de permission pour ne pas qu'il reparte en Algérie, on lui a conseillé de dire qu'il était malade et il a été hospitalisé à l'hopital militaire Larrey à Toulouse.

Mais comme il était marié et cabochard, il faisait le mur le soir pour rejoindre Janine.

Or un soir, il s'est fait prendre et en punition on lui a donné l'ordre de rejoindre son régiment en Algérie. C'était peu de temps avant les accords d'Evian et la fin de la guerre mais c'était encore très dangereux.

Mon père est allé voir le commandant de la région pour que Christian puisse rester à l'hopital Larrey. Il lui a parlé des 27 mois que Christian avait passé en Algérie, de son épouse et de son enfant. Papa a aussi parlé de son passé de résistant pendant la guerre.

Ma mère m'a raconté plus tard qu'il avait même pleuré devant le commandant, pour la première fois de sa vie.

Et finalement Christian est resté à Toulouse pour ses derniers jours de service militaire.

La guerre a débuté en 1958, j'avais 15 ans, et s'est terminé en 1962, j'avais dix neuf ans.

J'ai connu la guerre à travers les informations à la télévision et par les discussions au lycée Bellevue et au magasin de Blagnac.

Le fils aîné de nos voisins, Robert Lapoutge était pilote de chasse dans l'armée de l'air. Il est mort en Algérie. Ce fut la première fois que j'étais confronté à un mort de la guerre que je connaissais bien.

Ses deux frères,André et Georges étaient mes copains.

Tout le monde avait peur de voir partir ses enfants en Algérie.

Je me souviens d'un copain de Christian , Angel.

Ses parents étaient des réfugiés espagnols et comme il n'avait pas la nationalité française, il n'avait pas été mobilisé pour partir en Algérie.

Mais dans le village, comme il y avait eu quelques morts, tout le monde le regardait comme un déserteur ou un traître et ce malheureux Angel a décidé de partir lui aussi en Algérie.

Heureusement il est revenu en bonne santé.

Il faut dire que c'était une drôle de guerre. Les français étaient divisés.

Il y avait les partisans des pieds noirs qui voulaient que l'on reste en Algérie et ceux qui désiraient laisser le pays aux arabes.

Les jeunes que je côtoyais ne comprenaient pas bien les enjeux de cette guerre qui nous paraissait bien loin de nos préoccupations quotidiennes, les loisirs et les filles.

L'année de nos 20 ans devenait pour nous synonyme de service militaire et de départ pour l'Algérie.

Je ne voulais surtout pas être mobilisé. Mon seul espoir était le sursis.

En effet, le gouvernement avait décidé que les étudiants ne partiraient en Algérie qu'après avoir terminé leurs études.

Autrement dit, pour moi en 1961 le deal était simple.

Si j'avais mon bac, je ne partais pas en Algérie tout de suite et comme on savait que la fin de la guerre était proche, je n'irai probablement jamais.

Cela m'a fortement motivé pour passer le baccalauréat.

 

Mais, pour nous la guerre s'est prolongée au delà de l'année 1962 à cause de l'OAS et des attentats

en France.

J'ai un petit souvenir de cette époque.

A Toulouse, on n' a jamais été concerné directement par les attentats, à part quelques informations dans les journaux et à la télévision.

Toute les nuits, la ville était envahie par une multitude de policiers et de CRS.

A cette époque j'étais étudiant et tous les soirs ont faisait la fête dans Toulouse.

Un soir, je ne sais plus à quelle occasion, on avait participé à une course de voitures et je suppose que quelques Toulousains inquiets avaient averti les CRS qu'il se passait quelque chose d'anormal, au bord du canal.

Quelques amis étudiants roulaient devant moi dans une 4cv. Je les suivais à tout allure dans ma 2cv Soudain, j'ai stoppé brusquement . Un car de CRS bloquait la route devant nous et une voiture de police avec un gyrophare nous empêchait de faire machine arrière.

Je suis descendu de ma voiture et là, j'ai vu à la lueur des phares de voitures, tous mes copains alignés contre le mur, les mains en l'air entourés d'une quinzaine de policiers qui les menaçaient avec leurs mitraillettes. J'ai senti dans mon dos un coup de mitraillette et on m'a intimé l'ordre de m'aligner moi aussi, mains en l'air contre le mur.

Tout cela s'est terminé au commissariat de la rue de rempart Saint Étienne .

Quand les policiers ont compris qu'ils avaient à faire à un chahut d'étudiants, tout le monde s'est calmé.

Il faut dire que les rapports entre les étudiants et la police étaient détendus à l'époque ce qui a bien changé après Mai 68.

 

 

 

 

 

 

 

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