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Souvenirs henri
26 novembre 2013

Le LAAS

Le L.A.A.S

 

Même si je n'ai jamais été un brillant élève à la faculté des sciences de Rangueil, aujourd'hui Université Paul Sabatier de Toulouse, j'y suis resté suffisamment longtemps pour acquérir un bon niveau scientifique.

Au cours de ma carrière professionnelle, j'ai peu utilisé certaines de ces compétences, comme l'optique, la chimie, la thermodynamique, l' électrostatique et la magnétostatique,.

Ainsi que certaines formules de mathématiques supérieures qui m'avaient tant fait souffrir lors des examens comme les divergences, les rotationnels et les laplaciens.

J'ai, par contre, assez souvent utilisé la mécanique physique avec les mathématiques associés,  matrices, calcul intégral, équations différentielles.

Parmi les clients du tabac que je cotoyais lorsque j'aidais mes parents, il y avait un  enseignant chercheur du CNRS qui m'avait conseillé de compléter  ma licence de physique par les deux  certificats d' électronique et de servomécanismes .

Cela  a orienté ma carrière professionnelle vers les disciplines de l'automatique et les technologies de l'information et des telecommunications.

Par contre, je ne possédais aucune compétence en informatique qui à cette époque était encore très confidentielle.

En 1967,  l 'université de Toulouse ne possédait, pour tous les enseignants et les chercheurs  qu'un seul ordinateur, un  IBM 370 , qui occupait à lui seul une salle de plus de 100 m2.

 A ma sortie de l'université, titulaire d'une licence de physique, l'équivalent d'une maîtrise actuelle, je pouvais chercher du travail soit dans l'enseignement, en tant que professeur de math ou de physique grace à mon certificat de chimie,soit dans l'industrie grace à mes certificats d'electronique et de servomecanismes.

Après mon passage au lycée Fermat et au lycée Nord comme surveillant d'externat ou j'avais côtoyé de nombreux professeurs de physique, je n'étais plus intéressé par le métier de professeur de lycée.

Je n'étais pas non plus intéressé par un poste dans l'industrie car avec ma licence je n'aurais pas été embauché comme cadre.

J'ai préféré me diriger vers une carrière d'enseignant chercheur.

J'ai donc cherché un laboratoire d'enseignement supérieur qui me permettrait d'accéder à cette carrière après un doctorat de 3° cycle.

J'ai posé ma candidature au laboratoire d'automatique et des applications spatiales (LAAS) qui venait d'être créé à la suite de la décentralisation à Toulouse du Centre national d' études spatiales (CNES) de la région parisienne.

Le LAAS était dirigé par le professeur Lagasse que j'avais eu comme enseignant en Automatique lorsque je suivais le certificat de servomécanismes.

Ma candidature a été retenue, un peu grâce à mes connaissances en automatique, mais surtout grâce à Marie Claire qui , à la sortie du lycée Ozenne, avait obtenue le poste de secrétaire de direction du laboratoire de génie électrique , lui aussi sous la responsabilité du professeur Lagasse.

Elle m'a raconté qu'elle était présente lors de la réunion où l'on choisissait les candidats à la préparation d'une thèse de 3ème cycle au LAAS et que le fait connu de tous les participants que j'étais son fiancé a probablement influencé leur choix.

 

Donc j'entre au LAAS, en septembre 1967 , pour passer tout d'abord un certificat d'aptitude à l'enseignement supérieur et à la recherche qui me permettra ensuite de démarrer une thèse de 3° cycle.

Lorsque l'on fait une thèse , le premier problème, le plus important car souvent il conditionne notre carrière, correspond au choix du sujet, choix qui est de la responsabilité du maître de thèse. mon maître était le professeur Durante.

Comment s'est effectué ce choix. Petite anecdote.

Quelques jours avant mon entrée au LAAS, un des directeurs était en Angleterre pour un colloque scientifique et au cours d'une conversation un professeur anglais demande à ce directeur :

« et vous au LAAS, avez-vous démarré des recherches en CAD ? (computer aided design)

" Bien sûr lui répond le directeur. »

Arrivé au LAAS , il se renseigne.

" Qu'est-ce que c'est que la CAD ?"

On lui explique.

" Bien. Il faut proposer un sujet de CAD à un prochain doctorant."

Et c'est ainsi que j'ai démarré une thèse sur la CAD que l'on nomme aujourd'hui la conception assistée par ordinateur. Conception qui est aujourd'hui utilisée par tous les bureaux d'études au monde pour concevoir des avions, des trains, des voitures , des systèmes de defense, avec en particulier les produits Catia de Dassault Systèmes.

Mon sujet de thèse consistait à développer un programme informatique pour simuler le comportement temps réel de circuits electroniques.

Mais à mes débuts, je ne savais pas ce que c'était qu'un semi conducteur, je n'avais étudié au cours de mes études que des tubes electroniques.

Je n'avais aucune compétence en informatique. J'ai dû m'initier tout seul à la programmation.

Et bien sûr, je n'avais aucune idée de la manière de simuler des systèmes temps réels, j'ai dû donc me familiariser avec les méthodes d'intégrations numériques .

Pour les scientifiques , j'explique brievement .

Pour simuler le comportement temporel d'un circuit electronique qui comprend des composants passifs et actifs:

il faut tout d'abord representer, les differents composants d'un circuit, résistances, condensateurs, inductances,.

Les composants actifs ( transistors, Circuits intégrés etc...) sont représentés par leur shémas équivalents à base de ces mêmes composants  et nécessitent au préalable une action de caracterisation, et d'identification de paramètres.

Il faut ensuite réaliser un programme informatique pour déterminer les lois des noeuds et des mailles (lois de Kirchoff).

Puis pour calculer les intensités et les tensions en chaque noeuds du circuit il faut résoudre les  équations différentielles par des méthodes d'intégration numérique, à l'époque par la méthode de Runge Kutta.

En suite il faut restituer les résultats par listings de valeurs et courbes sur une imprimante.

A l'époque, il n' y avait pas de programme informatique, ni de sous programme comme Mathlab. Il fallait tout développer directement en Fortran.

Tous les jours je développais en partant de zéro, ligne par ligne ce programme.

Il n'y avait pas de console de visualisation et les programmes n'étaient pas interactifs.

Il fallait ecrire les instructions, ligne après ligne sur des cartes perforées et une fois par jour emmener le paquet de cartes en voiture jusqu'à l'ordinateur de la faculté.

Tous les soir, ce paquet de cartes était compilé par  l'ordinateur et s'il n'y avait pas d'erreur, il nous rendait le lendemain un listing de papier qu'il fallait dépouiller à la main.

Je me rappelle le nombre de fois ou je me réveillais en disant à Marie-Claire :" zut ! j'ai encore oublié une parenthèse" et qu'il fallait le lendemain corriger la faute et redonner à manger à la bête.



 J'avais deux activités, chercheur au LAAS et enseignant à l' ENSEEIHT .

Mon activité d'enseignant, celle qui était rémunérée , consistait à préparer les séances de travaux pratiques , puis à aider les élèves ingénieurs qui suivaient le certificat d'automatique.

Lors de ces séances , j'ai eu l'occasion d'initier à l'automatique quelques futurs ingénieurs de l'Aérospatiale que j'ai retrouvé un peu plus tard au cours de ma carrière professionnelle.

Un d'entre eux a même était un certain temps mon responsable hiérarchique.

 

Mon activité de chercheur qui devait me permettre d'obtenir ma thèse de 3° cycle était beaucoup plus passionnante et variée .

Officiellement, j'étais sous la responsabilité de mon chef de département et j'étais encadré par deux chercheurs qui avaient démarré leur thèse un an avant moi .

Mais en fait tous les chercheurs travaillaient de manière autonome et sans aucun contrôle.

La seule sanction était la lecture puis la présentation du mémoire de thèse au bout de trois ou quatre ans .

Il y avait tout de même une autre activité sous contrôle,la rédaction d'articles.

Un chercheur est sensé publié régulièrement des articles dans des revues scientifiques, généralement anglo saxonnes .

Au cours de mes travaux de recherche, j'avais imaginé seul un algorithme qui a beaucoup plus à mes responsables . Ils m'on dit qu'il était impératif de le publier . J'étais très fier.

J'ai rédigé l'article et l'ai présenté à ma hiérarchie . Et là c'est posé un problème que je n'avais pas imaginé . Qui serait l' auteur de l'article ?

On m'a tout d'abord expliqué que pour que l'article intéresse la communauté scientifique, il fallait que le premier auteur soit le directeur scientifique du LAAS , puis le responsable de l'activité, puis pour aider les futurs doctorants , trois chercheurs qui étaient plus âgés que moi et enfin moi-même.

Enfin comme l'article n'était pas d'un niveau scientifique transcendant , ils ont décidé qu'il y avait trop d'auteurs et on a supprimé et le grand directeur et moi- même .

J'ai tout de même été fier de voir l'article paraître dans un journal scientifique...sans ma signature.

Mais j'arrête .

J'ai passé ma thèse en 1971 après mon service militaire.

De mes années au LAAS, je n'ai que des bons souvenirs.

Époque insouciante, on travaillait beaucoup,, même les week-ends mais toujours dans la joie.

C'est aussi le début de mon mariage et les premières vacances à l'étranger avec Marie-Claire, mais ça j'en parlerai dans un autre chapitre.

 

 

 

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