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Souvenirs henri
6 décembre 2013

Mai 68 - notre mariage

1968 , année extraordinaire, j'avais 25 ans.

C'est à la fois, l'année de notre mariage. Nous nous sommes mariés le 22 juin 1968.

Mais c'est aussi la fin de la belle vie d'étudiant, sans soucis.

J'ai quitté mon poste bien rémunéré de surveillant d'externat au lycée Nord , aujourd'hui le collège Toulouse Lautrec  et je suis entré au LAAS pour débuter ma thèse en septembre 1967.

Comme j'étais étudiant à temps plein, je n'ai pu obtenir cette année là, qu'un poste de professeur de physique à temps partiel dans un collège privé, rue des potiers à Toulouse et un peu plus tard un poste de moniteur pour les travaux pratiques du certificat d'Automatique à l' ENSEEIHT .

 Et c'est à ce moment là que sont intervenus les événements de mai 68.

Au début, c'était surtout à la télévision que cela se passait. On était spectateurs.

Personnellement, j'étais dans une situation assez particulière. 

Je n'étais plus tout à fait étudiant, je n'étais plus à la Fac mais au LAAS. Je n'étais pas encore dans le monde du travail.

Je n'ai donc participé ni aux manifestations d'étudiants ni aux grèves des travailleurs de l'Aérospatiale.

J'étais plutôt un observateur , plus ou moins neutre.

Il faut dire qu'avant mai 68, à l'exception de quelques enragés de l' UNEF, la majorité des étudiants et des lycéens Toulousains était peu politisée.

Nos principales préoccupations et activitées concernaient avant toute chose  les filles et les loisirs.

Mais comme il est difficile de rester neutre dans des circonstances pareilles, voici quelques aventures auxquelles j'ai été mèlé.

Tout d'abord, la surveillance du LAAS.

Au début, nous suivions les événements Parisiens tous les soirs à la télévision, c'était assez amusant.

Puis avec la généralisation des grèves , la fermeture des usines, et les difficultés du pouvoir à maintenir l'ordre, on a pensé que notre laboratoire pourrait être vandalisé pendant la nuit.

Comme on ne pouvait pas demander de l'aide à la police qui avait d'autres problèmes, notre directeur, le professeur Lagasse nous a demandé de participer chaque nuit, par roulement à une surveillance du laboratoire.

C'est ainsi que je me souviens d'avoir passer quelques nuits à jouer au poker avec les grands patrons en écoutant les bruits à l'extérieur. Mais il ne s'est rien passé.

Un peu plus tard, alors que le mouvement de grèves s'amplifiait, Il ne se passait toujours rien au LAAS .

Par contre on assistait tous les soirs à des discussions sans fin à la télévision et on entendait dire qu'il se passait énormément de choses à l'université Paul Sabatier qui était près du LAAS, de l'autre coté du canal du midi .

Et fatalement, un jour,avec mon ami Michel Diaz, on a décidé de faire un tour du coté de la faculté des sciences.

Nous nous sommes installés au fond d'un amphithéâtre bourré d'étudiants et nous avons écouté les discussions interminables de tous ceux qui refaisaient quotidiennement le monde.

A la tribune, il y avait une quinzaine d'orateurs qui étaient perpétuellement interrompus par l'auditoire. Je ne me souviens plus du sujet du débat de ce jour là mais à un moment, Michel Diaz qui m'accompagnait se leva et fit une remarque à voix haute du fond de l'amphi.

A ce moment tout le monde se retourna vers nous et l'un des orateurs de la tribune dit  à Michel :

« ce que tu nous dit est très intéressant, viens nous l'expliquer à la tribune « 

Et c'est ainsi que pendant quatre jours Michel devint l'un des animateurs-meneurs des débats à l'université.

Puis, au bout de quelques jours il fut remplacé par un autre animateur et il revint tranquillement au LAAS et termina ainsi sa carrière de tribun politique.

Une autre histoire, qui aurait pu être plus grave est arrivée à mon ami D' Oliveira.

Un soir de mai 68, il sortait du cinéma et raccompagnait sa petite amie dans sa voiture.

Vers minuit , comme il arrivait au carrefour du boulevard de Strasbourg et des allées Jean Jaures, il dû s’arrêter car il y avait une manifestation d'étudiants qui faisaient brûler des pneus de voitures au milieu de la voie .Un cordon de CRS bloquait le passage.

Probablement pour faire le malin et pour montrer à sa petite amie qu'il n'était pas inquiet, il s'approcha d'un CRS, baissa la vitre de sa voiture et avec un large sourire il demanda :

« Que ce passe-t-il monsieur l'agent ? « 

Le CRS lui asséna sur la figure un coup de matraque qui lui cassa 3 dents.

Tous ses copains ont beaucoup ri quand il est venu nous raconter ses malheurs.

Et on était aussi très fier d'avoir pour copain, l'une des victimes toulousaine de la répression policière de mai 68. En somme notre martyr.

 

 

 

Et c'est aussi à cette année là, donc au milieu des évènements de 68, qu'avec Marie Claire, nous avons décidé de nous marier.

 

back up photos 227

 

 

 

En mai 68, en pleine grève, nous avions rendez-vous avec le prêtre pour la préparation au mariage.

Ce pauvre prêtre, constatant que le futur marié était étudiant et donc, d'après lui comme tous les étudiants, un affreux gauchiste bouffeur de curé, ne nous a pas questionné sur notre engagement ni sur notre foi mais essentiellement  sur , d'après lui, la révolution qui se préparait.

 

Il faut dire que le mariage, qui s'est déroulé un mois après a été assez gratiné coté cérémonie.

Nous étions les premiers de notre bande à nous marier et tous nos copains avaient décidé de nous faire une blague.

Comme, le père de Marie Claire était officier chez les sapeurs pompiers de Toulouse, il avait droit, pour le mariage de sa fille,  aux honneurs de la salle des illustres de la mairie de Toulouse, place du Capitole , salle qui comme son nom l'indique était réservée aux mariage VIP.

Apprenant cela nos copains décidèrent de venir à la cérémonie en frac et haut de forme qu'ils avaient loués chez un costumier.

Ils nous attendaient à l'entrée de la mairie. Ce qui avait attiré une foule de curieux qui pensaient assister au mariage d'une grande vedette.

Ils ont fait aussi une entrée très sautillante dans l'église ce qui a relativement énervé, monsieur le curé qui était encore sous le choc de mai 68.

A la sortie de la messe les copains faisaient une haie d'honneur en habits et deux d'entre eux tels des tabellions nous ont présenté, sur deux petits coussins rouges , nos cadeaux respectifs.

Pour Marie-Claire un rouleau à pâtisserie et pour moi une corde de pendu.

 

back up photos 225

 

Ils ont ainsi animé toute la journée avec pour terminer la soirée un répertoire de chansons paillardes dans la plus pure tradition carabine.

Mais de l'avis de tous les participants, famille comprise, ce fut tout de même un très beau mariage.

 

 

 

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