Les premiers voyages à l'etranger

 Contrairement à certains de mes amis d'enfance qui ne voulaient jamais changer de lieu de résidence pour leur vacance, j'ai eu dès mon plus jeune age le goût pour les voyages.

Ce que j'aimais par dessus tout c'était le changement. L'envie de découvrir des lieux inconnus.

Qu'y avait-il au delà de l'horizon?.

J'ai été probablement influencé par tous les livres et tous les films que j'avais lu et vu au cours de mon enfance à Blagnac.

L'un de mes premiers souvenirs à ce sujet, correspond à un voyage que j'avais fait avec des professeurs du lycée Bellevue à Barcelone.

Nous visitions un site touristique et je me suis retrouvé tout à coup, par inattention, perdu seul dans la ville. J'avais onze ans. J'ai été retrouvé rapidement par les professeurs mais le souvenir que j'en ai encore aujourd'hui c'est que je n'avais pas eu peur. J'avais seulement pensé .... enfin , il m'arrive une aventure .

Ce que j'aimais particulièrement au cours de mes vacances à Narbonne plage c'est que j'étais loin de mes parents et qu'il pouvait chaque jour m'arriver une aventure non prévue.

Dès que j'ai eu une voiture, j'ai tout de suite eu envie de partir, toujours plus loin.

Et c'est ainsi que, à dix huit ans, je suis parti en 2 cv, avec Marceau, camper sur la cote d'azur dans un confort des plus spartiate alors que j'aurais pu passer des vacances confortables dans la villa de mes parents à Narbonne-plage.

Je me souviens du premier jour. On était arrivé à La Ciotat en fin de soirée et des filles que l'on venait de rencontrer au camping nous ont proposé d'aller sur la plage pour le traditionnel bain de minuit .

C'est cette nuit là que j'ai découvert que, contrairement à Narbonne plage, la température de l'eau pouvait être très agréable la nuit. J'ai gardé de cette époque l'envie de ne voyager que dans des pays où l'eau de mer serait très chaude.

De ce voyage sur la cote d'azur, je me souviens que j'avais crevé le pot d'échappement de ma 2cv .

Elle faisait un bruit épouvantable ce qui nous a valu une certaine renommée dans les rues de Juan les pins.

C'est aussi la première fois que je campais sous une petite tente canadienne.

Comme on n'avait pas beaucoup d'argent, on déjeunais copieusement le matin, pour nous éviter de faire un repas à midi.

Le soir c'était toujours Marceau qui faisait la cuisine, essentiellement des pattes.

Moi j'étais préposé à la vaisselle et je m'arrangeais souvent pour me faire aider par nos copines .

L'argent économisé sur les repas était utilisé pour les entrées dans les dancings de Juan les pins.

La mer était chaude, les filles jolies...

A la fin des années soixante , je rêvais essentiellement de voyage à l'étranger.

On parlait déjà de voyage à Katmandou ou en Inde. Certains de mes copains étudiants projetaient de faire le tour de la méditerranée en voiture. On pouvait, à l'époque faire ces voyages sans danger.

Pour l'été 1964, j'avais programmé de partir en Suède avec ma 2 cv.

A cette époque, ou l'on ne connaissait pas encore la pilule, on fantasmait beaucoup sur la liberté sexuelle des suédoises. Je n'avais pas eu beaucoup de mal à convaincre Marceau, Hubert et Loulou de partir avec moi.

Malheureusement pour moi, cette année là, je n'ai pas réussi mes examens et mon père m'a coupé les vivres. Alors adieu les petites suédoises.

Pas pour tous le monde car Marceau, Hubert et Loulou sont , tout de même partis en Suède sans moi....Ils m'ont raconté leurs exploits à leur retour.

Heureusement , l'année suivante en 1965, j'ai programmé un nouveau voyage avec Marceau et Loulou, destination la Yougoslavie, aujourd'hui la Croatie.

On est parti avec la vieille 403 Peugeot de Loulou qui consommait plus d'huile que d'essence mais le voyage fut formidable.

En fait comme je voulais aller toujours plus loin, on a commencé par l'Italie, Gènes, Milan, Vérone, Venise, Trieste puis la Croatie, Zadar, Split, Dubrovnik, la Baie de Kotor, puis le Monténegro, la Macédoine, la Grèce, Thessalonique, Athènes, Corynthe, Patras et le Ferry vers l'Italie, Brindisi,

Rome, Florence, Pise et retour en France. Quel pied !

On avait une petite tente canadienne et des matelas pneumatiques et à chaque halte, à la tombée de la nuit on arrêtait la voiture, on plantait la tente, on gonflait à la bouche les matelas pneumatiques .

On avait l'impression de vivre des aventures extraordinaires.

La Yougoslavie de cette époque était encore communiste sous la dictature du maréchal Tito .

Il y avait peu de touristes français, seulement quelques allemands et des tchécoslovaques qui voyageaient avec des mobylettes et de petites remorques.

Je me souviens que l'on repérait les filles des pays de l'est sur la plage à leurs jambes poilues. Elles ne se rasaient pas à l'époque.

En Yougoslavie il n'y avait pas de secteur privé.

Tout appartenait à l'état et tout le monde était fonctionnaire. Ce qui fait que par exemple il était très difficile de se faire servir dans les restaurants. Cela prenait un temps fou .

On s'est aperçu très rapidement que de très nombreux yougoslaves quittaient le restaurant sans payer tous les jours,à midi et à 7 heures, lors du remplacement des serveurs.

Alors, comme on avait peu d'argent, on a fait pareil.

En Italie et en Grèce, c'était différent nous étions dans le monde capitaliste et là tout était payant .

La vie en Italie était très chère, comme en France. En général on dépensait en une semaine en Italie autant qu'en quatre semaine en Grèce.

En Grèce tout était formidable, les sites archéologiques, la mer si bleue et si chaude et surtout les grecs toujours prêts à nous aider et à faire la fête et à se moquer gentiment de nous.

A ce sujet, je me souviens qu'un soir un grec nous avait emmené dans une boite de nuit remplie de filles superbes. Mais aucun d'entre nous n'avaient pu draguer. Nous ne comprenions pas ce que les filles disaient entre elles mais elles paraissaient se moquer de nous.

Le lendemain, Pietro, notre ami grec, nous avoua qu'il nous avait présenté aux filles en disant que nous étions tous les trois des français homosexuels et membres d'une troupe de travestis parisiens .

En Grèce, on couchait sur les plages pour faire des économies mais on mangeait dans les tavernes avec les ouvriers grecs pour presque rien .

On se baignait, nuit et jour dans une eau de rêve et on visitait des musées et des sites archéologiques extraordinaires.

Athènes , Delphes, Olympie, Mycènes, le canal de Corinthe, le cap Sounion.

Bien sur en 4 semaines nous n'avons pas tout vue mais nous sommes revenus la tête remplie de merveilles comme les sculptures de Phydias et Praxitèle .

C'était décidé, je reviendrai dans ces pays pour chacune de mes vacances.

L'année suivante je suis parti pour la première fois en voyage avec Marie Claire .

J'avais programmé d'aller jusqu'à Istanbul et la sœur de Marie Claire et son copain sont aussi venus avec nous. Ils voyageaient dans une superbe DS et nous dans ma modeste 2 CV.

La encore se fut un voyage extraordinaire.

omme avec mes copains, toute la journée on visitait des sites ou on se baignait puis dans la soirée on reprenait la voiture et je conduisais jusqu'à ce que je sois fatigué .

Alors on s'arrêtait au bord de la route j'installais la tente dans la nuit pendant que Marie Claire gonflait les matelas pneumatiques.

Le lendemain, dès le réveil, on démontait la tente et l'on repartait visiter un nouveau site ou une plage.

Il nous arrivait de temps en temps quelques aventures.

Un matin en nous réveillant, alors que je croyais être en pleine montagne je me suis aperçu que nous campions dans un jardin privée et que la tente était en vis à vis d'une maison . Nous sommes partis rapidement.

Une autre fois alors que nous étions bien installé sur une jolie plage à la tombée de la nuit on a été envahie par une nuée de moustiques qui nous ont obligé à remonter rapidement dans la voiture et à aller chercher un autre site pour dormir.

C'était assez fatiguant, aussi un soir , nous étions dans le Monténégro près de la baie de Kotor et nous avons décidé de coucher dans un hôtel.

Nous avons cherché un restaurant et j'ai demandé en anglais au propriétaire : « have you two rooms ? »

Le propriétaire yougoslave m'a répondu quelque chose et j'en ai conclue que nous pourrions ce soir là coucher dans de vrais lits.

Nous nous sommes installés au restaurant et là on a servi aux deux hommes mais pas à nos compagnes un apéritif. On a pensé que c'était la tradition .

En fait on nous a servi deux rhums et non 2 rooms.

Et le pire c'est qu'il n'y avait plus de chambre de libre.

On a du cette nuit encore planter la tente dans la montagne.

En revenant d'Istanbul, il nous est arrivé une aventure assez cocasse.

Nous avions décidé avec Marie Claire de passer par la Bulgarie qui était à cette époque un pays membre de l'union soviétique. C'était un pays très pauvre et très triste. Il n'y avait pas de publicité ni d'affiche dans les rues. On avait rencontré dans Sofia un bulgare , Giorgio avec lequel on avait sympathisé . Il nous faisait visiter la ville. Un matin il nous emmène dans un ministère et là comme dans un film de James Bond on se retrouve dans un bureau où un inspecteur avec un manteau en cuir nous reçoit, nous offre des bonbons et nous pose des tas de questions du style, que faisons nous en Bulgarie, quelle est notre profession en France, qu'elle sont nos relations avec Giorgio etc...

On était un peu inquiet mais cela c'est bien passé.

Mais plus tard on a trouvé que Giorgio qui devait avoir environ 40 ans devenait de plus en plus familier avec nous. Il ne nous quittait plus et Marie Claire commençait à s'inquiéter. On décida de quitter rapidement le pays.

Mais au moment de passer la frontière on s'est aperçu que l'on avait oublié nos passeport à notre hôtel à Sofia.

On fait demi tour , on retrouve heureusement nos passeport et on passe la frontière Bulgare en pleine nuit mais la frontière Yougoslave était fermée.

On a été obligé de coucher dans la zone inhabitée entre les deux frontières. J'ai donc cherché un près pour garer la voiture et planter notre tente.

Tout ce passa bien mais au milieu de la nuit on fut réveillé par un grand bruit. C'était un train qui approchait de nous. Un instant j'ai cru que j'avais installé ma tente sur la voie de chemin de fer.

En fait je n'avais pas repéré la voie mais notre tente était à un mètre de la voie. Quelle peur quand le train nous a frôlé.

Tant qu'on n'a pas eu d'enfants, on a continué à passer nos vacances en Grèce . On partait pour 5 semaines de Toulouse , via la Yougoslavie ou l'Italie.

Lorsqu'on visitait des îles comme la Crète, Mikonos, Santorin ou Rhodes on laissait notre voiture sur le port du Pyrée et on partait sac à dos par les ferry.

A propos de ferry j'ai quelques souvenirs.

Tout d'abord il faut savoir que Marie-Claire a fréquemment le mal de mer et même si la mer Egée est calme, les ferries sont parfois atroces lorsque souffle le Meltem.

Elle a tout essayé pour ne pas être malade , elle a même suivi mes idées les plus farfelues comme de manger de la moussaka avant de monter sur le bateau mais sans succés.

Il faut dire que les grecs sont horribles sur les ferries. Ils n'arrêtent pas de manger et de vomir.

Je me souviens d'une traversée vers Rhodes où une femme énorme était assise en haut d'un escalier.

Elle se vomissait dessus. Cela dégoulinait le long de l'escalier jusqu'à l'endroit où l'on avait rangé nos sacs à dos.

Je me souviens aussi d'une tempête vers Mikonos. J'avais installé Marie-Claire pour la nuit sur son matelas pneumatique à l'avant du bateau mais une vague énorme l'a entièrement trempé.