la voile à la couverture

hormis les histoires de filles qui nous préoccupaient énormément à l'époque je me souviens de quelques aventures .

La première est relative à une sortie en bateau.

Cette année là je devais avoir 16 ans et avec tous mes copains de mon âge on allait comme d'habitude danser tous les soirs au dancing l'Arlequin, chez Grillère.

Parmi nous il y avait quelques adultes et notamment René Sanders qui devait avoir environ 30 ans à l'époque.

Il était propriétaire d'un bar restaurant à Narbonne plage et on faisait partie de sa bande. C'était un gars sympathique mais un peu farfelu. Il avait de superbes voitures et aimait nous emmener faire des virées nocturnes pendant que son épouse qui ne nous aimait pas trop restait travailler au bar.

Or un soir, René Sanders est venu nous chercher à la sortie du dancing tout excité car il venait d'acheter un voilier. Et l'on décide tous de partir avec ce voilier vers le port de La Nouvelle.

Il était une heure du matin. Il y avait René Sanders, Jacques et Francis Gallart et deux autres copains. Et, comme dans la chanson enfantine, aucun d'entre nous n'avaient jamais navigué. Mais sans appréhension nous sommes partis en pleine nuit vers le port de la Nouvelle, sans savoir combien de temps durerait la traversée.

René mit en marche le moteur diesel et se mit à barrer ce petit voilier de sept mètres.

Il y avait une petite cabine mais on étaient tous restés sur le pont à chanter et à faire les fous. La mer était très calme. Nous naviguions au moteur. Avant de partir, craignant d'avoir froid sur le bateau j'étais passé à la villa pour prendre deux couvertures.

La traversée se fit sans problèmes car on voyait dans la nuit noire les lumières de Port La Nouvelle depuis Narbonne plage.

René Sanders naviguait a vue et il a été très surpris , comme nous d'ailleurs de constater que la traversée fut beaucoup plus longue que prévu.

Nous sommes arrivés à Port La Nouvelle au petit matin. Et là tout heureux et affamés on a accosté et on est allé déjeuner. Puis comme on été en retard on a décidé de repartir aussitôt.

Et à partir de cet instant, les ennuis ont commencé.

Tout d'abord le vent s'est levé mais ce n'était pas trop grave car il nous poussait vers Narbonne.

Par contre, alors que nous nous rapprochions de Gruissan-plage le moteur cessa de fonctionner. René avait oublié de contrôler le réservoir de gazole.

On a cherché vainement les voiles, il n'y en avait pas.

De toute façon, personne à bord n'aurait su les utiliser.

Heureusement le vent, aidé par mes couvertures que nous avions installées en guise de voiles nous a ramené lentement vers la côte, jusqu'au chenal de Gruissan ou là des pêcheurs nous ont remorqué jusqu'au débarcadère.

René s'est fait accompagné jusqu'à sa voiture à Narbonne Plage et il est revenu nous chercher. Je suis rentré à la maison et personne de la famille n'a jamais su ce qui nous était arrivé.

Ils auraient pu le savoir car René, pour faire un peu de publicité pour son bar, a raconté son aventure à un de ses amis journaliste au journal local.

C'est ainsi que, dès le lendemain, on pouvait lire sur l'Indépendant un article intitulé la « navigation à la couverture » avec une photo nous montrant les bras levés en signe de victoire sur le bateau remorqué par des pêcheurs.

On n'avait pas gagné la course du rhum mais presque.

Cela aurait tourner à la catastrophe mais à cette époque on était très insouciant et  cette aventure nous avait énormément amusé ..